Des nouvelles de Tangaye

Si la question de l’eau constitue un problème majeur en Afrique de l’Ouest, cela est encore plus vrai au sein de l’espace sahélien du Burkina Faso. Cette zone est l’une des moins favorisée sur le plan climatique et hydraulique puisqu’elle comprend un faible nombre de cours d’eau et de nappes phréatiques pérennes et se voit soumise aux aléas climatiques. 

Or, des risques sanitaires importants découlent de cette situation. En effet, la difficulté d’accès à l’eau pour les ménages a des répercussions néfastes sur les conditions d’hygiène. Par ailleurs, la qualité d’eau consommée est douteuse. Les maladies liées à l’eau constituent l’une des causes majeures de décès dans ce pays. Au-delà des catastrophes sanitaires que l’on constate au Burkina Faso, la rareté des ressources en eau influe sur les récoltes, nuit aux agriculteurs de la région et constitue la cause principale de malnutrition infantile.  

C’est dans cette optique qu’ASC ainsi que ses partenaires, les associations Action Médicale Nord Sud (AMNS), Song Taaba Tangaye et GIE Bioprotect, s’engagent, avec l’aide de la population locale, à relever le défi du développement intégral du village de Tangaye.

Ce village est en proie aux sévères contraintes du milieu naturel : le pluviomètre est très variable d’une année à l’autre, les températures sont extrêmement chaudes de mars à juin et la nature géologique des sols ne permet pas la rétention d’eau. Par conséquent, les terres ne sont que très peu fertiles.

Dans ce contexte de pauvreté financière, de sols très dégradés et de conditions environnementales rudes, les études conduites conjointement par ASC et ses partenaires se concentrent depuis 2017 sur la recherche de moyens permettant d’atteindre deux objectifs intrinsèquement liés, l’autonomie alimentaire et l’autonomisation des femmes.

Il est, en effet, primordial de renforcer les capacités d’adaptation des populations de Tangaye face à l’adversité de l’environnement. Pour ce faire, un projet de « jardins partagés exploités en permaculture » a vu le jour en 2019. Celui-ci a pour objectif de sensibiliser les habitants de Tangaye à l’agroécologie afin que ces derniers apprennent à cultiver sans les intrants chimiques nocifs pour la santé et l’environnement. Des travaux d’agroécologie et d’agroforesterie pour les cultures céréalières exploitées par les hommes ont alors été menés et des jardins maraîchers partagés pour des femmes en grande précarité mis en place.  De plus, le projet a permis de former les habitants aux techniques de compostage, à la fabrication de bio pesticides et de fertilisants naturels ainsi qu’à l’utilisation d’un nouveau type d’outillage (la kassine).

Ces actions ont été bénéfiques puisque les jardins exploités par agroécologie ont vu émerger différents types de cultures : des cultures maraîchères variées (oignons, maïs, oseille, pommes de terre, tomates…) et des cultures fruitières (papayers, manguiers, moringas en fleur).

Cependant, les ressources en eau sont insuffisantes et 3 des 4 jardins sont à l’abandon en raison de l’assèchement des puits ou à des pompes défectueuses qui n’ont pas pu faire l’objet de réparations, faute de moyens financiers. ASC se concentre donc désormais sur la récolte des fonds nécessaires pour la construction d’un puits à proximité du compost, celui-ci ayant besoin d’un arrosage régulier, et la réalisation d’un forage doté d’un système de pompe solaire avec des bassins de rétention d’eau afin de garantir la sécurité alimentaire de Tangaye par la gestion durable des sols et de l’eau.